Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

TERRASSÉS

 

Joyeux contribuables, redevables de la contribution perçue sur les boissons et préparations liquides destinées à la consommation humaine contenant des édulcorants de synthèse et ne contenant pas de sucres ajoutés, régie par l’article 1613 quater du Code Général des Impôts, il ne vous aura pas échappé que l’espèce humaine renferme en son sein des ressources extraordinaires.

 

J’en veux pour témoin la crise sanitaire d’une ampleur exceptionnelle que nous venons de vivre et que je m’en vais vous résumer en quelques lignes.

Une attaque d’un virus particulièrement sournois  a conduit le gouvernement à décréter un confinement généralisé le 17 mars 2020. La France s’arrête.

A la fin du mois de mars, plus de 400 personnes sont admises chaque jour dans les services de réanimation. Ces services sont débordés, avec un total de plus de 7000 malades à la fin de la première semaine d’avril.

500 personnes décèdent chaque jour dans des conditions terribles. Les soignants, débordés, pleurent le matin dans les cours des hôpitaux et n’osent plus rentrer chez eux de peur de contaminer leur famille.

On n’a plus de respirateurs, plus de sur-blouses, plus de médicaments….

Les médecins, les infirmiers, les aides soignants, travaillant sans masques pour certains, partent chaque matin travailler la rage au cœur et la peur au ventre. Les Français, émus, les applaudissent chaque soir, au balcon. Ils ne sont pourtant pas des héros. Ils ont peur. Ils n’ont pas choisi ce métier pour mourir un matin d’avril, simplement parce qu’un ramassis d’énarques incompétents a oublié jusqu’au nom : « épidémie ». Ils ont la rage, aussi, quand des criminels leur assurent que le masque ne sert à rien.

Des dizaines de milliers de soignants sont contaminés, un certain nombre meurent. A ce jour, il est encore impossible de savoir combien…

 

Le président de la République s’adresse à la Nation : le 16 mars, il regrette avoir « …vu ces dernières heures des phénomènes de panique en tous sens » et confirme que « Nous sommes en guerre ».

Le 30 mars, il assure qu’il « tirera toutes les conséquences » de cette crise exceptionnelle, et que « rien ne sera plus comme avant ».

Début juin, le bilan s’élève à  19000 morts dans les hôpitaux, auquel il faut ajouter 10000 petits vieux, morts les yeux vides dans un isolement complet sur un lit d’ EHPAD….

 

Le 11 mai, le déconfinement est prononcé. La crise semble refluer, le danger est derrière nous. Les Français sont prêts pour construire ce monde d’après.

Il y a tant à faire : construire des hôpitaux et des services de réanimation, construire des maisons de vie, ou les anciens pourront être accueillis et soignés dans des conditions décentes, construire des maisons médicales pour désengorger les urgences, construire des logements à proximité des hôpitaux pour y loger à un prix correct des soignants, construire des abris pour ces SDF oubliés de la crise, fabriquer des respirateurs, fabriquer des masques…. Le 11 mai, tout redevenait possible…

 

Alors, clignant des yeux dans la lumière de l’aube de ce premier matin, les hommes, éblouis, sortirent dans la rue. Ils se saluèrent, puis empoignèrent leurs marteaux, des planches de bois, des vis et ils se mirent au travail.

 

Et ils construisirent des terrasses pour pouvoir boire des bières dehors.

 

 

Georges Bataille nous avait prévenus : « L'amusement est le besoin le plus criant et, bien entendu, le plus terrifiant de la nature humaine ».

 

Et c’est ainsi que l’histoire s’écrit. Dieu est méchant, Madame…

 



05/06/2020
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 58 autres membres