Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

L'ERE D'UN CONCEPT

Une petite dernière chronique déconfinée, avant la pause estivale...

Bonnes vacances !!

 

Joyeux contribuables redevables de la taxe sur les abris de jardins régie par l’article L331-11 du Code de l'urbanisme, ceci est un cri d’alarme.

Une onzième plaie d’Egypte est en train de s’abattre sur la France, et principalement sur les quartiers cossus de notre belle capitale : je veux parler des « Concept stores ».

 

Oui. Désolé, ami lecteur, mais la résolue branchitude de cette chronique veut que tu quittes céans les rivages moelleux de la douce langue de Molière pour voguer, non pas sur les flots de celle de Shakespeare, mais plutôt sur le clapotis sournois du globish, ce dialecte approximatif qui est à l’anglais littéraire ce que le burger est à la gastronomie.

 

Il devient chaque jour plus difficile d’éveiller l’intérêt, puis de tirer de sa couche le jeune responsable marketing nanti et désabusé qui constitue l’essentiel du nombre des détenteurs de pouvoir d’achat en milieu urbain.

Acheter quelque chose ? Pouah, la vilaine idée ringarde ! Mais « fréquenter des espaces de vie et d'échanges », des « lieux hybrides, uniques et conviviaux » en dégustant « une alimentation durable » « à vocation participative », voilà qui allume enfin une lueur au fond de l’œil du Parisien désespérément à la recherche d’idées pour combler son morne quotidien…

L’idée du concept store est justement d’en vendre. Une idée. Fini, le modèle dépassé de la boutique-qui-vend-des-produits. Le concept store vend une idée. Peu importe laquelle.

C’est ainsi que nous vîmes s’installer dans la capitale, sous nos yeux émerveillés, des épiceries/vendeurs de vêtements, des cafés/salles de vente aux enchères, des boutiques de mode/manucure ou des papeteries/barbiers.

 

Récemment, une nouvelle boutique qui vient de s’ouvrir dans le XIème arrondissement de Paris, et porte fièrement l’intitulé «  Salon de coiffure végétal », a éveillé ma curiosité. Mais quel rapport peut-il bien exister entre le cheveu et le végétal, m’interrogeais-je ?? La touffe ? La tondeuse ?...

Une recherche rapide à l’aide de mon ami Google m’apprit que ce lieu était « LGBTQ friendly » et « géré par des femmes », ce qui ne me renseigna pas plus avant sur la dimension agricole du projet.

 

Heureusement, la visite du site Web de la boutique (car une idée moderne ne peut désormais pas se concevoir sans son site Oûûaib) m’en apprit enfin plus sur ce qui compose ce concept store :

(la traduction Globish-Français vous est gracieusement offerte par l’auteur)

 

  • « Un Plant shop, avec sélection de plantes d’intérieur et d’articles de jardinage urbain » (= un fleuriste)
  • « Un espace Ateliers avec workshops sur le thème du végétal » (=des cours de jardinage). Bien évidemment, cet espace est « privatisable pour l’événementiel » (= on peut louer la salle pour des teufs)
  • « Un espace de Coiffure Mixte (=un coiffeur). Fidèle à une vieille tradition françoise qui veut que le nom d’un salon de coiffure soit l’occasion d’un jeu de mot désopilant et capillotracté (voir les « Epis Tête », « Tifs Annie » ou autres « Vital Hair » qui fleurissent dans nos belles campagnes), la maison utilise une gamme de produits 100% végétal de la marque… Hairborist.

 

Voilà. En ce qui me concerne, en attendant le prochain concept store parfumeur de gel hydroalcoolique/ cordonnier ou vendeur de masques en dentelle/garagiste, je retourne à mon activité favorite :

écouter pousser mes cheveux.

 

Et c’est ainsi que l’histoire s’écrit. Dieu est méchant, Madame.

 



11/07/2020
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