Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

BOUCHE D’OR

 

 

Joyeux contribuables, soumis à la redevance d'usage des fréquences radioélectriques, régie par l’article L41-2 du Code des postes et des communications électroniques, il ne vous aura pas échappé que la pensée et la parole ont en pris un sérieux coup dans l’aile ces derniers temps.

 

J’ai fait une découverte scientifique importante : contrairement à ce que l’on croit, le COVID 19 ne touche pas principalement le système respiratoire ; il affecte surtout sérieusement la capacité à penser et à émettre subséquemment cette pensée construite via une parole claire.

Et cette affection touche tout le monde : nos dirigeants politiques, certes, mais aussi les médecins, les scientifiques, les journalistes, les philosophes, les acteurs, les experts auto proclamés des réseaux sociaux….

« Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés »… Examinons ensemble les symptômes de plus près.

 

Après que des médecins ont qualifié cette épidémie de « grippette » et que la Ministre de la santé a déclaré que le risque d’introduction du virus en France est faible, nos dirigeants décident de fermer les bars le samedi à minuit pour cause d’épidémie, d’ouvrir les bureaux de vote le dimanche en raison de l’absence de risque et d’instaurer un confinement généralisé du pays le lundi pour cause de pandémie.

Le virus se transmettant par voie aérienne, ils s’empressent ensuite de déclarer que le masque est inutile (ce qui fit bien fait rire dans les banlieues de Wuhan), puis que c’est un équipement complexe qui nécessite une formation particulière pour être utilisé (ce qui fit bien fait rire dans les banlieues de … du monde entier).

L’OMS participera à cette pantalonnade en déclarant, contre toute évidence, le 29 février : « il n’y a pas lieu de porter un masque car rien n’indique que le port du masque protège » avant d’effectuer un virage à 180° le 5 juin, en « conseillant aux gouvernements d’encourager le grand public à porter des masques »

On commanda ensuite des milliards de ces masques inutiles qui n’arrivèrent jamais puisqu’aujourd’hui encore, un masque FFP2 est plus difficile à trouver pour un médecin généraliste qu’une déclaration d’impôts de Patrick Balkany. Mais tout cela n’était finalement pas si grave, puisqu’il n’y avait pas eu de pénurie, comme l’affirmera sans ciller notre guide suprême : « Nous n’avons jamais été en rupture. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu des manques ». Comprenne qui peut.

 

Des philosophes de renom, des directeurs de ressources humaines, des journalistes, des comédiens et ma concierge partageront ensuite leur expertise exaltée pour ou contre le traitement symptomatique des pneumonies virales par l’hydroxychloroquine associée ou non à un macrolide. De très sérieux professeurs de médecine qualifieront d’étude « foireuse », puis « d’étude de merde » un article d’une prestigieuse revue internationale.

Le gouvernement, reconnaissant ainsi de facto la prééminence du sacré sur le profane, décidera ensuite la réouverture des églises, mosquées et synagogues, mais pas des bars, des restaurants ou des théâtres.

Le président Macron appellera pour finir Jean-Marie Bigard pour être certain que tout cela « faisait sens », et il fut pleinement rassuré car l’humoriste déclara : «Je ramène ma gueule, je chie sur le Président et le Président m’appelle pour me dire "vous avez raison", donc je trouve ça génial».

 

J’aurais pu en ajouter encore, tant les temps sont riches, mais je crois que la démonstration est faite : dans ce gloubiboulga de la pensée, dans cette incontinence verbale nauséabonde, on chercherait en vain des penseurs, des rhéteurs ou des tribuns….

Disparus, les Cicéron, les Danton, les Jaurès… Disparus, les Jean Chrysostome, dit Saint Jean Bouche d’or dont l’habileté et la beauté des discours ont traversé les siècles.

Jean Bouche d’Or est devenu Sibeth Langue de Bois. Et encore pas de la meilleure essence.

A force de parler pour ne rien dire, les mots sont morts et la parole n’a plus de sens.

 

Nietzsche disait : «Ce qui me bouleverse, ce n'est pas que tu m'aies menti, c'est que désormais, je ne pourrai plus te croire ». Nous y sommes.

 

Et c’est ainsi que l’histoire s’écrit. Dieu est méchant, Madame…

 



12/06/2020
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