Dernier cri
Paris, Août 2025
Joyeux contribuables, redevables (indirects) de la taxe sur les nuisances sonores aériennes régie par les articles L422-49 à L422-57 du Code des Impositions sur les Biens et Services, je trouve profondément injuste (sauf bien sûr si Mère Nature a eu la grâce de vous faire naitre dans la bonne ville d’Epinal) que vous n’ayez pas eu accès à cette information essentielle parue le 3 août dernier dans le quotidien Vosges Matin. (1)
Voici donc de quoi il retourne, pour les non spinaliens et spinaliennes , probablement nombreux à s’être fourvoyés ici : il s’agit de la récente création, dans la bonne ville de Chicago (Illinois) aux Etats Unis, d’un « Club du Cri », ou « Scream Club » .
Les membres de ce « Scream Club » se réunissent en effet tous les dimanches à 19 heures, sur le ponton de North Avenue Beach à Chicago, face aux eaux du lac Michigan pour… crier.
Toutes les personnes ayant des soucis personnels, financiers ou relationnels (c’est-à-dire, en ces temps troublés…toutes les personnes) sont en effet invitées à les inscrire sur des petits papiers (biodégradables, c’est important selon les organisateurs) puis à les balancer dans les eaux du lac Michigan en enchaînant ensuite avec quelques exercices de respirations… avant de pousser trois cris de toutes leurs forces, toujours face au lac. Puis à rentrer chez eux, le cœur en paix et la voix cassée.
Je suis certain que vous aurez pleinement mesuré l’effet profondément orchidoclastique (2) de cette démonstration bruyante sur le pêcheur tranquille, le promeneur solitaire ou le philosophe mélancolique qui entendrait promener paisiblement son spleen le dimanche soir sur les bords du lac Michigan.
Sans parler du stress provoqué chez les bernaches du Canada (Branta Canadensis) nichant sur les berges, ni de la perturbation du milieu aquatique causé par la distribution intempestive de papiers gribouillés aux nombreux achigans à grande bouche (Micropterus Salmoides) qui frayent dans les eaux du lac. Grandes gueules contre grandes bouches…
Ce mouvement a désormais plus de 4000 abonnés sur Instagram et s’étend peu à peu à d’autres villes des Etats-Unis. Il reste pour l’instant accessible à tous et gratuit. Sauf bien entendu pour les T-shirts « Scream Club » que vous pouvez vous procurer au prix de 35 dollars l’unité. On est aux USA.
Mais le pire est sans doute l’inanité totale du processus qui se situe quelque part entre l’astrologie, les pièces de monnaie jetées dans la fontaine de Trevi, la lithothérapie quantique et les prières à Saint Antoine de Padoue. Ce Scream Club est à ce jour la dernière invention des adeptes des solutions magiques et de la négation du réel. Mais il faut garder espoir : L’esprit humain est inépuisable et peut certainement faire pire dans un avenir proche.
Chicago est surnommée aux Etats-Unis la « Windy City » (en français : « La ville du vent »).
On comprend mieux pourquoi désormais.
Et c’est ainsi que l’histoire s’écrit. Dieu est méchant, Madame.
2- Orchidoclaste : Du grec ancien ὄρχις, orkhis (« testicule ») et κλαστός, klastós (« brisé ») ; Personne particulièrement agaçante irritante. Oui…. Casse couille, quoi !
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