Laisses de mer
Paris, Octobre 2018
Ce que les mariniers nomment laisses de mer
Sont ces guirlandes de bois, d‘algues et de coquillages
Que le jusant dépose, dans son flux en arrière
Comme une signature au sommet de la plage
Les laisses de nos vies sont semblables à ces grèves
Elles sont dans notre cœur ces souvenirs poignants
Des marées d’équinoxe, des tempêtes de rêve
Des succès insolents de ces temps ignorants
La vie est ainsi faite, vaisseau paradoxal
Toutes voiles dehors si le vent souffle fort
Mais que la chance tourne, et quitte notre bord
Assommés, résignés, il faut amener les voiles.
Alors avec le temps s’en va le flamboyant
Et notre mer lassée se réduit à l’étale
Au pied des vaguelettes au clapot machinal
Nous regardons, amers, ce qu’il reste des ans
Le flux se fait petit, et nos marées minables
Témoignent de nos vies qui lentement se détraquent
Et l’on attend, tremblant, cet ultime ressac
Qui ne déposera plus que quelques grains de sable.
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