Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

Larmes à gauche

Paris, juillet 2014

 

J’n’ai pourtant pas changé….

 

Dans vos meetings, hier, je le sais, j’y étais

Vous disiez la misère et rêviez du grand soir

Pourquoi cette amnésie et pourquoi désormais

Sonnent vos éperons en allées du pouvoir.

 

Des taux d’emprunts bancaires devenus des experts

Vous achetez, vous vendez en cherchant le bon plan

Désireux désormais d’une vie bien pépère

D’un bonheur sur contrat et garanti dix ans

 

Il est bien loin déjà le révolutionnaire

Qui rêvait de justice, de paix et de combats

Le voici devenu petit propriétaire

Plus proche d’un notaire que de Che Guevara

 

Vous trahissez nos rêves, votre espoir et nos pères

Et vous vivez comme ceux que vous moquiez hier

Et si je vous rappelle vos serments oubliés

Vous parlez de finance, et de réalité

 

J’n’ai pourtant pas changé….

 

La misère en Afrique déjà vous révoltait

Et vous parliez alors de Coopération

Vous défiliez aussi de Bastille à Nation

Et vous m’aviez appris la Solidarité

 

Les enfants meurent encore, sur la terre Africaine

Mais vous riez, moqueurs, de nos actions là-bas

Ces « bonnes œuvres » inutiles à vos chers estomacs

Vous semblent dérisoires voire néfastes, et lointaines.

 

A vous tous qui me dites que je ne résous rien

Je veux dire que ce rien est pour moi important

Je veux dire que voter, comme vous le faites si bien

N’a jamais ni nourri, ni soigné un enfant

 

Et que vos certitudes sont aussi meurtrières

Que cette indifférence que vous moquiez hier

Et si je vous rappelle vos serments oubliés

Vous parlez de finance, et de réalité

 

J’n’ai pourtant pas changé….

 

Vous parliez d’amitié, de racisme, d’exclusion

Et les rues résonnaient de « Paix en Algérie »

Vos films, vos journaux, vos meetings, vos congrès

Défendaient tolérance, accueil, intégration.

 

Vous parlez maintenant quota et reconduite

Vous parlez délinquance, intégrisme et mosquées

Nous répondons toujours chômage et pauvreté

Et pleurons notre Ecole, que vous avez détruite

 

Et vos renonciations sont aussi méprisantes

Qu’la colonisation que vous moquiez hier

Et si je vous rappelle vos serments oubliés

Vous parlez de finance, et de réalité

 

J’n’ai pourtant pas changé….

 

Vous m’aviez dit les rafles, les trains et puis la peur

Vos m’aviez dit les fantômes qui revenaient des camps

Leurs rêves à jamais balayés par l’horreur

Le devoir de mémoire vous semblait important.

 

Vos frères communistes les avaient côtoyés

Ces étoiles disparues dans les camps enneigés.

 

Mais lorsqu’on a connu cette heure du laitier

Ou l’on frappe à la porte pour venir vous chercher

On peut imaginer que l’on veuille un pays

On l’on pourra enfin rêver d’une autre vie

 

Les temps ont changés… Il n’y a plus de boches

Mais des relents puants se font sentir à « gôche »

Vous marchez de concert avec les démagogues

Qui veulent casser du Juif, ou bien une synagogue.

 

Vous côtoyez les loups que vous craigniez hier

Et si je vous rappelle vos serments oubliés

Vous parlez de complot, de lobby financier

 

Je n’ai pourtant rien fait que suivre votre piste

Ce n’est pas de ma faute si j’ai de la mémoire

Ce n’est pas de ma faute s’il me reste l’espoir

Qui s’est évanouit de vos vies réalistes

 

 

.. et lorsque je rappelle vos serments oubliés

Je suis votre mémoire et la réalité.

 

 

 



05/08/2014
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