Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

Avoir raison, jusqu’à la déraison : Ignace Philippe Semmelweis et l’asepsie

 Paris, mai 2024

 

 

 

Acte I - Non nobis solum nati sumus ortusque - (Cicero, De officiis, 1 :22) 

Nous n’existons pas, par nature et par naissance, seulement pour nous 

 

Rappelez-vous…. C’était il y a quelques années, pendant la dernière pandémie. 

 

Au début, à défaut de médicaments ou de vaccins et en l’absence de masques ou de gants due à la honteuse impéritie d’un gouvernement dépassé, nous avions dû alors nous rabattre pour tenter de survivre sur la seule chose restant encore à notre disposition : le geste barrière. Cela vous avait même valu un billet... (voir ici-même).  

 

Savoir que la maladie était causée par un micro-organisme et que c’est en évitant de le transmettre (en se lavant les mains, par exemple) qu’on pouvait éviter de contaminer ses congénères semblait évident pour nos esprits rationnels du XXIème siècle. 

(Enfin... pour presque tous ! ... ) 

On appelle cela l’asepsie.  

Mais cette notion a pourtant mis du temps à s’imposer comme une réalité scientifique... 

Nous allons parler ici de celui qui est considéré comme le père de l’asepsie, celui qui développa les bases de cette théorie et mis en place les premières mesures destinées à lutter contre la contagion microbienne.  

 

Il s’appelait Semmelweis. 

Et le plus incroyable, c’est qu’il le fit en 1847, 30 ans avant que Pasteur ne publie en 1878 dans les “Comptes Rendus de l’Académie des Sciences” un article intitulé “Théorie des germes et ses applications à la médecine et à la chirurgie” ou il affirme pour la première fois que : “ Il existe des maladies contagieuses, infectieuses, dont la cause réside essentiellement et uniquement dans la présence d’organismes microscopiques”  

Semmelweis développa donc une stratégie de lutte contre les “microbes”... avant même que les notions de microbe et de leur implication dans le développement de maladies infectieuses ne soient découvertes.  

Ce sombre héros de la science est mort quasiment inconnu du grand public, et nous allons voir aussi que sa découverte ne lui porta pas bonheur.... 

 

 

Ignace Philippe Semmelweis est né le 1er juillet 1818 à Buda, en Hongrie (qui deviendra plus tard, après sa fusion avec la ville de Pest, la capitale de la Hongrie, Budapest). A cette époque, la Hongrie fait partie de l’empire autrichien, ce qui explique que Semmelweis va partager sa vie entre Buda, Pest et la capitale, Vienne.  

Son père, un épicier aisé, souhaite qu’il devienne avocat militaire. De 1835 à 1837, il étudie donc le droit à l’université de Pest, où il obtient une licence. Puis, à l’automne 1837, il part pour Vienne pour y poursuivre ses études. 

 

On s’ennuie ferme à Vienne, lorsqu’on est un jeune étudiant en droit loin de sa ville natale et de ses amis. Tellement que lorsqu’un groupe d’étudiants en médecine l’invite à assister à une autopsie à l’hôpital de Vienne (curieuse distraction, il faut l’avouer, mais les autopsies étaient publiques, à l’époque) il accepte avec empressement.  

L’autopsie est réalisée par le célèbre professeur von Berres, un médecin renommé et brillant... Semmelweis est enthousiasmé !  

C‘est décidé, il sera médecin. Il quitte ses études de droit et s’inscrit à la faculté de médecine de Vienne. Il y rencontrera trois maîtres qui deviendront aussi ses amis : Joseph Skoda, spécialiste des maladies cardiaques et pulmonaires, Karel Rokitansky, anatomo-pathologiste et Ferdinand von Hebra, un dermatologue. 

Tous trois (rejoint par Semmelweis ensuite) seront les membres fondateurs de ce que l’on appellera la deuxième école de médecine viennoise qui va tenter de faire évoluer la pratique médicale.  

 

Parce qu’en cette première moitié du XIXème siècle, la médecine n’est pas encore vraiment une science, mais quelque chose qui oscille toujours entre philosophie et ésotérisme. On connait mal le fonctionnement du corps humain, on ne connait rien des bactéries et des maladies infectieuses ; pour les médecins de l’époque, la santé est gouvernée par les quatre “humeurs” telles qu’elles ont été décrites par Hippocrate plus de 2000 ans auparavant : la bile jaune, la bile noire, le sang et la lymphe. 

C’est de l’équilibre de ces humeurs que dépend la maladie ou la santé, et l’arsenal thérapeutique hésite entre la saignée, le clystère et la fameuse “tisane thériaque”, mélange d’une cinquantaine de composés variant selon les régions et les époques, et qui est censée guérir des morsures, des poisons, des venins, de la rage, de la peste, des douleurs et des infections diverses... Mélange magique et peu ragoûtant de diverses plantes, de chair séchée de vipère et de "rognons de castor “ (!), mélangés à du vin et un peu de miel , dont même Pline l’ancien, le naturaliste romain du 1er siècle après J.C, dira qu’elle est le produit d’un “charlatanisme monstrueux”. 

(Cette thériaque ne fut supprimée de la Pharmacopée française qu’en 1884 !!). 

 

Semmelweis s’inscrit donc à la faculté de médecine de Vienne et à la fin de ses études soutient sa thèse, au printemps 1844, sur les plantes médicinales et leur utilisation thérapeutique.  

Sa vocation va se construire ensuite sur deux événements existentiels fondateurs : l’un, magique lorsqu’il assiste à son premier accouchement. Il est émerveillé par cette expérience et décide de faite de l’obstétrique sa spécialité.  

Le second événement est tragique : à la suite du deuxième accouchement de sa carrière, la mère meurt quelques jours après d’une fièvre puerpérale.  

Cette maladie est une infection généralisée très répandue à l’époque, une septicémie à streptocoque due à un défaut d’asepsie lors de l’accouchement mais le monde médical ignore alors tout de cette pathologie et de ses causes. 

L’irruption de la mort au cœur de la vie révolte Semmelweis qui refuse absolument de se résigner comme le font la plupart de ses collègues : il veut à tout prix trouver la raison de la mort de ces jeunes mères et surtout arrêter cette hécatombe. 

 

Il n’a désormais qu’un but, comme il l’écrira plus tard : 

« Mes préceptes ont été forgés pour débarrasser les maternités de leurs horreurs, pour que le mari garde sa femme, et l’enfant sa mère ». 

 

Acte II - “Felix qui potuit rerum cognoscere causas” - (Virgile, Géorgiques, II, v490) 

Heureux qui a pu comprendre la raison des choses  

 

Semmelweis veut comprendre.  

Comprendre pourquoi, au cours de l’année 1842, pendant ses études, il y eut cette terrible vague de fièvre puerpérale, où 27% des accouchées succombèrent en août, puis 29% en octobre, puis 33% en décembre. Pourquoi les chiffres sont ensuite redescendus, sans plus d’explications. 

Il veut surtout comprendre ce qui se passe dans les deux services d’obstétrique de l’hôpital général de Vienne : l’un est dirigé par le professeur Johann Klein, dans lequel travaille désormais Semmelweis en tant que chef de clinique depuis juillet 1846, l’autre par le professeur Franz Xavier Bartsch. Or le taux de mortalité maternelle est en moyenne de 18% chez Klein et de seulement 3% chez Bartsch.  

 

Semmelweiss va faire preuve d’une vraie approche scientifique, en étudiant toutes les différences entre les deux services.  

Il élimine tout d'abord les explications les plus fantaisistes en cours à l’époque : le climat, l’atmosphère, les “miasmes “ qui sortiraient des murs de l’hôpital (c’est la théorie du professeur Klein) sont les mêmes pour les deux services. Exit aussi la sonnette du curé, un moment accusée d’attirer la Mort en tintant lors de l’évacuation des dépouilles de chaque service...  

Il établit rapidement trois points essentiels : 

 

1-Les patientes sont a priori statistiquement les mêmes, puisque leur admission dans l’un ou l’autre service dépend uniquement du jour de la semaine où les parturientes se présentent à l’hôpital. Les différences de mortalité ne peuvent donc être dues aux femmes elles-mêmes. 

2- Les deux services sont semblables, et seulement séparés par une pièce. Les techniques d’accouchement et les conditions d’hospitalisation des patientes sont aussi identiques. 

3- Le personnel du service du professeur Klein est composé de médecins et d’étudiants en médecine, tandis que le deuxième, celui de Bartsch, est géré par des sage-femmes. Semmelweis commence à soupçonner que c’est sans doute dans cette différence majeure qu’il faut trouver la réponse. Paradoxe : il y a plus de morts dans le service des médecins que dans le service des sage-femmes ! 

 

Mais c’est la mort en mars 1847 de l’un de ses amis médecin, Jacob Kolletschka qui va lui permettre de compléter le puzzle : Kolletschka se blesse au doigt avec un scalpel en pratiquant une autopsie. Il meurt quelques jours après, en présentant des symptômes en tous points identiques à ceux des femmes atteintes de fièvre puerpérale. 

Semmelweis réalise aussi soudain que Klein a introduit la participation systématique des étudiants en médecine aux autopsies comme une initiative phare dans son service lors de son accession au poste en 1823. Et que donc tous les médecins de son service pratiquent des autopsies, alors que les sage-femmes du service de Bartsch n’en font aucune.  

« Je suppose que des particules cadavériques adhèrent aux mains », écrit Semmelweis... 

 

Le second trait de génie de Semmelweis va être de tenter de supprimer ces “particules cadavériques”. Elles sont, dans son esprit, liées à l’odeur des cadavres de la salle d’autopsie, et il va chercher une idée pour désodoriser les mains des médecins. 

 

Parce qu’au 19ème siècle, osons le dire, ça ne sent vraiment pas bon dans les hôpitaux. Entre l’absence d’eau courante et de toilettes, les salles communes ou s’entassent des dizaines de malades dans des lits à l’hygiène douteuse et aux draps rarement changés ou lavés et la morgue où s’entassent les cadavres qu’on autopsie, l’odeur est pestilentielle. 

On peut même dire que le pus pue… 

 

Un nouveau produit vient de faire son apparition pour chasser ces odeurs : Claude-Louis Berthollet, un chimiste français a mis au point dans les années 1770 une solution de chlorure et d'hypochlorite de potassium qu'il utilise pour le blanchiment des toiles : il nomme son invention la « lessive de Berthollet », qui se fera connaitre sous le nom d’eau de Javel en raison de la localisation de son premier site de production, construit en 1777 dans le village de Javel, au sud-ouest de Paris. 

En 1824, le pharmacien français Antoine Germain Labarraque a le premier l’idée d’utiliser l’eau de Javel comme désinfectant. Il met au point une solution diluée, légèrement différente, de chlorure et d'hypochlorite de sodium qu'il appelle « Eau de Labarraque ». 

Labarraque va avoir l’occasion de démontrer l’efficacité de sa découverte, lorsqu’il est appelé auprès du roi Louis XVIII, qui se meurt d’une gangrène généralisée : le pauvre roi se décompose littéralement vivant et dégage une odeur si nauséabonde que sa famille ne peut rester à son chevet. Labarraque parvient à se débarrasser de cette odeur en couvrant le corps avec des linges trempés dans l’eau de Labarraque...  

Ce produit fut ensuite utilisé comme désodorisant pour les égouts, les écuries ou les morgues.  

C’est sans doute de là que viendra l’idée de Semmelweiss. Pour enlever l’odeur des mains et donc les fameuses « particules cadavériques » qui pourraient y adhérer, il impose aux médecins de son service en mai 1847 un long lavage des mains avec cette solution avant de réaliser tout examen gynécologique ou de pratiquer un accouchement. 

Les résultats sont immédiats : dès juin, le taux de mortalité chute de 12 à 2.4%, puis se maintient au-dessous de 5% pendant les années 47 et 48. 

Semmelweis exulte : sa théorie est la bonne, la vie de toutes ces femmes peut être sauvée !! 

 

Acte III - Namque hoc tempore obsequium amicos, veritas odium parit. (Térence, L'Andrienne, 1, 1, 68) 

De nos jours, la complaisance procure des amis, et la vérité la haine 

 

Persuadé qu’il a trouvé la cause des infections puerpérales, Semmelweis entend bien imposer à tous le fruit de ses réflexions. Très maladroitement, il refuse de perdre son temps à expliquer son raisonnement et à convaincre : “J’ai cessé depuis longtemps de répondre aux attaques dont je suis constamment l’objet ; l’ordre des choses doit prouver à mes adversaires que j’avais entièrement raison sans qu’il soit nécessaire que je participe à des polémiques qui ne peuvent désormais servir en rien aux progrès de la vérité. ” 

Mais le protocole qu’il a mis au point (cinq longues minutes de lavage avec une solution qui provoque de nombreuses irritations des mains) est lourd et mal accepté. 

Encore plus maladroitement, il va tenter de l’imposer de la même manière au professeur Klein, son chef de service. 

Et il faut bien admettre que les seules preuves pour défendre ses idées sont les résultats épidémiologiques : on ne sait encore rien sur l’existence des bactéries et il n’a donc aucun modèle théorique sur lequel appuyer ses recommandations.  

Klein trouve donc la suggestion de Semmelweis tout à fait ridicule. Et puis d’abord, qui est ce jeune Hongrois arrogant tout juste diplômé, ce “paysan” à l’accent impossible, qui entend imposer quelque chose au grand professeur Johann Klein, chef du service d’obstétrique de l’hôpital de Vienne ? Qui est cet homme qui accuse les meilleurs médecins de la ville de semer la mort auprès de leurs patients avec leurs mains ? 

Il emmène derrière lui toute la bonne société médicale, tous les mandarins bardés de certitudes, tous les conservateurs obtus qui se mettent à ricaner, voire à insulter Semmelweis.  

Seuls les amis de toujours, Joseph Skoda, Karel Rokitansky et Ferdinand von Hebra, restent à ses côtés. Ce dernier écrira : “ Quand on fera l’Histoire des erreurs humaines, on trouvera difficilement des exemples de cette force et on restera étonné que des hommes aussi compétents, aussi spécialisés, puissent dans leur propre science demeurer aussi aveugles, aussi stupides” . 

Mais la situation de Semmelweis devient rapidement intenable à l’hôpital : en mars 1849, Johann Klein refuse de renouveler son contrat. Désormais sans emploi, il doit quitter Vienne et décide de retourner à Pest. Il a 31 ans. 

 

Déprimé, découragé, il peine à trouver sa place : à Vienne, il était considéré comme un Hongrois de province, à Budapest, on le voit comme un Autrichien de la capitale. Il survit difficilement pendant deux ans avant de retrouver un emploi comme directeur de la maternité de l’hôpital Saint Roch de Pest de 1851 à 1857.  

Il adresse aussitôt après sa nomination une lettre ouverte véhémente à tous les professeurs d’obstétrique pour imposer ses théories de lavage des mains : “ Assassins ! Je les appelle tous ceux qui s’élèvent contre les règles que j’ai prescrites pour éviter la fièvre puerpérale.” “Contre ceux-là, je me dresse en adversaire résolu comme on doit se dresser contre les partisans d’un crime ! Pour moi, il n’est pas d’autre façon que de les traiter qu’en assassins.” 

Les résultats sont là (le taux de mortalité descend rapidement au-dessous des 1%) mais évidemment l’intransigeance et le caractère belliqueux déplaisent fortement...  

 

Il se marie en 1857 avec la jeune Maria Weidenhofer à peine âgée de 20 ans, bravant l’avis de la famille de son épouse qui surnomme Semmelweis "Ignaz le dingue”. 

Son premier enfant ne survit que quelques jours, et le second meurt au bout de deux ans. Ses trois autres enfants vivront, mais ces décès ébranleront encore un peu plus la santé mentale désormais fragile de Semmelweis. 

En 1861, il se décide enfin à exposer sa découverte dans un livre qu’il intitule “Etiologie, concept et prophylaxie de la fièvre puerpérale”. Mais ce sont plus de 500 pages, remplies de statistiques illisibles et indigestes, de digressions verbeuses sans fin et d’attaques contre les institutions et ses confrères. Il envoie son livre à tout le monde... 

Evidemment, l’ouvrage déplait. Mais pire pour Semmelweis, il est simplement ignoré par la majorité des médecins européens. 

 

Acte IV - Ira furor brevis est - (Horace, Épîtres, I,2,62) 

La colère est une courte folie

 

Aux critiques et aux détracteurs de son ouvrage, qu’il rencontre lors de congrès de gynécologie ou d’obstétrique dans les années qui suivent, il répond en les traitant de “meurtriers irresponsables”, ou de “sombres ignorants”.  

Il écrit ensuite à plusieurs chefs de service d’hôpitaux européens une série de lettres ouvertes injurieuses : “Vous avez participé à ce massacre, Herr Professor. Ces assassinats doivent cesser et c’est pour y mettre un terme que je continuerai à veiller... Il n’y a aucun autre moyen de faire cesser cette hécatombe que de démasquer sans merci mes adversaires.” écrit-il au Dr. J. Spaeth, professeur d’obstétrique à Vienne. Dans une autre lettre, il traite également l’un de ses détracteurs, le célèbre obstétricien hongrois Friedrich Wilhelm Scanzoni, de “Néron de la médecine”. Ces lettres, comme son livre, susciteront peu de réactions. 

 

Sa découverte a bientôt quinze ans, et rien ne change vraiment dans les hôpitaux : cela met Semmelweis hors de lui !  

 

Il se bat contre tous, se fâche avec tous. Il devient paranoïaque et est convaincu que le monde entier fait bloc contre lui. Aigri, il se sent persécuté. Irascible, il insulte les infirmiers qui refusent toujours de changer les draps après chaque accouchement comme il le préconise et va jusqu’à balancer une pile de draps souillés sur le bureau de l'administrateur de l’hôpital. 

Il achève de se rendre intolérable à tous en explosant dans des rages folles lors de diners en ville, et en agressant ses interlocuteurs.  

On raconte qu’il court nu dans les rues de Budapest, cherche le réconfort auprès de prostituées, qu’il se met à boire.... 

 

Un jour de 1865, lors d’une réunion de la Faculté médicale de l’université de Budapest, il se met à tenir des propos incohérents. Dans la soirée, il est ramené chez lui et placé sous sédatif. Ses collègues hongrois le ramènent à Vienne et on prévient son vieil ami, son compagnon de lutte et son soutien de la première heure Ferdinand von Hebra.  

Sans que l’on sache s’il s’agit là d’une ultime preuve d’amitié ou d’une trahison, von Hebra l'emmène avec lui le 31 juillet 1865 dans l'asile psychiatrique Döbling, en Basse-Autriche, en prétendant lui faire visiter un nouvel institut, puis s’éclipse discrètement.

  

Comprenant le piège, Semmelweis tente de fuir.  

Six aides-soignants lui sautent dessus, le plaquent au sol et lui passent la camisole de force. Ce ne sont pas de soignants, mais plutôt des gardiens de prison. Semmelweis se rebelle, il est frappé violemment. Il meurt douze jours après son admission, le 13 aôut 1865, ultime clin d’œil de l’Histoire, d’une septicémie due aux nombreux foyers infectieux consécutifs aux coups reçus.  

Il vient d’avoir 47 ans. 

 

Quand je regarde le passé, une tristesse profonde m’envahit. Je ne parviens à la chasser qu’en pensant à l’avenir, à cette époque heureuse où toutes les maternités du monde ne connaitront plus aucun cas de contamination. Et si, par malheur, je n’étais plus là pour le voir de mes propres yeux, la certitude inébranlable que ce moment viendra suffira à rendre l’heure de ma mort joyeuse” 

I.P Semmelweis, dernières lignes de " Etiologie, concept et prophylaxie de la fièvre puerpérale” -1861 “ 

 

 

Cette histoire d’homme révolté inspirera à un autre célèbre révolté, le docteur Louis Ferdinand Destouches qui deviendra ensuite célèbre sous le nom de Céline, le sujet de sa thèse de médecine en 1924, intitulée “La vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis” et dans laquelle il écrit ces mots : 

Il nous démontre le danger de vouloir trop de bien aux hommes. C’est une vieille leçon toujours jeune... Rien n’est gratuit en ce bas monde. Tout s’expie, le bien comme le mal, se paie tôt ou tard.  

Le bien, c’est beaucoup plus cher, forcément “... 

 

 

Bibliographie

 

  • Louis-Ferdinand Céline, La vie et l’oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis, Gallimard, coll. “L’imaginaire” - 1977. 
  • The art of medicine: Ignac Semmelweis – celebrating a flawed pioneer of patient safety. Andrew Stewardson & Didier Pittet - Lancet, Vol 378, pp. 22-23, 2011 
  • Docteur Semmelweis - « Grande traversée », série de 5 émissions sur France Culture (podcast) 
  • Les grands pharmaciens : Labarraque (1777-1850) - Maurice Bouvet, Revue d'Histoire de la Pharmacie - 1950, 128 pp. 97-107 
  • Semmelweis, le médecin qui tenta d’imposer le lavage des mains - Hélène Combis, 16 mars 2020 – France Culture 
  • Ignac Semmelweis - Father of Hand Hygiene, Uvi Tyagi and Kailash Chander Barwal Indian J Surg. 2020 Jun; 82(3): 276–277. 

 

 

 

 

 

 



11/05/2024
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