Les étoiles dans le caniveau

Paris, août 2023

Ô, armageddons du guidon

Ô, fous à lier du pédalier…

La haine perlant au front, et aux lèvres l’écume

Vous régnez en tyrans, attilas du bitume

Vous pédalez ? Tudieu, j’en suis fort aise

Ai-je le droit de dire que pourtant ne me plaisent

Ni les cuisses au vent, ni le short ficelle

Ni les sombres auréoles décorant vos aisselles

Ni vos relents d’vestiaire, prégnants aux soirs d’été

Moitié graisse à vélo, moitié chien mal lavé

Voyez que le monde n’est pas monolithique

Bénissez le destin pour votre santé physique

Mais respectez le vieux, le faible, ou le phtisique

N’insultez pas les corps un peu moins athlétiques

En clair ? Gardez vos choix de vie. Je hais les missionnaires

Croyants ou cyclopathes, vous me faites tous braire

Vivez donc votre vie, sans diriger la nôtre

Nous ne vous disons pas comment conduire la vôtre

Ô, copains du lapin

Ô vous, dévots du veau…

Vous braisez vos endives, vous étuvez vos choux,

Aimer la viande, les steaks ou encore le saindoux

Suffit à nous classer parmi les assassins

Pour vous qui confondez les bêtes et humains.

Hystéro d’la chipo, agressifs du rosbeef

Verdâtres au teint navet, moralistes chétifs

Antispécistes spéciaux, végétariens spécieux

Laissez-moi donc enfin faire ce que je veux

En clair ? Gardez vos choix de vie. Je hais les missionnaires

Croyants végétariens, vous me faites tous braire

Vivez donc votre vie, sans diriger la nôtre

Nous ne vous disons pas comment conduire la vôtre

Que la vie serait douce sans tous ces convaincus

Qui de leur opinion veulent faire un absolu

Combattants concernés, combatifs concentrés

Qui en petits tyrans viennent tout contrôler

Souffrez que nous vivions, pas comme vous, certainement

Militez, défilez, marchez drapeaux au vent

De notre triste monde , vous n’êtes pas le centre

Et laissez-moi rêver et me gratter le ventre