Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

L'ire réelle

Paris, mars 2023

 

 

 

Joyeux contribuables bénéficiaires de la prime à la conversion régie par les articles D 251-1 à D 251-13 du Code de l’Energie, les gazettes nous ont informés récemment d’un événement majeur injustement passé inaperçu : l’adoption par le parlement espagnol d’une loi permettant à tous et à chacun de changer désormais librement de genre à partir de 16 ans via une simple déclaration administrative. C’est à dire la possibilité pour quelqu’un né señor à l’état civil de passer à señora sur simple expression de son désir. Et vice versa, ou recto verso.

 

En prenant cette décision, l’ibère nation a jeté un froid : la possibilité, même pour un cantonnier cantonnais, de changer de genre et de ne pas se cantonner à celui qu’on est quand on est né n’est pas une décision anodine.

Ne croyez pas pour autant que je sois dérangé par les dégenrés, ou que le mégenrage m’arrange. Ni m’enrage, d’ailleurs.

 

Mais qu’un état abdique ainsi officiellement la primauté du réel au profit d’un ressenti pose question. On ne congédie pas ainsi la biologie si facilement, même si dans notre bonne vieille France, le planning familial ne s’en embarrassait pas outre mesure en affirmant récemment sa pensée performative par la voie d’affichettes qui proclamaient « Au Planning, les hommes aussi peuvent être enceints ».

 

C’est en quelque sorte se soumettre au concept Orwellien du « noirblanc » qui consiste à « prétendre que le noir est blanc, contrairement aux faits évidents »….en la volonté de « dire que le noir est blanc » mais aussi à « l’aptitude à croire que le noir est blanc et, plus, à savoir que le noir est blanc et à oublier que l’on a jamais cru autre chose »

« Le Parti vous disait de rejeter le témoignage de vos yeux et de vos oreilles. C’était son commandement ultime et le plus essentiel »

 

Il s’agit encore une fois nous aurait dit l’indispensable (et regretté) Clément Rosset du refus d’accepter sans réserve « l’impérieuse prérogative du réel » en créant un double, une illusion qui convient mieux. Un réel absolu qui remplacerait le mauvais réel.

Erreur inopérante, parce que, on le sait, le réel a toujours raison.

 

Et puis, si l’on congédie ainsi la génétique et son réel, alors pourquoi ne pas continuer sur deux ou trois trucs qui nous chagrinent aussi dans l’état civil. La loi espagnole se justifie aux yeux de ses auteurs par la « dysphorie de genre » , c’est-à-dire , étymologiquement, à la « difficulté de porter » son genre. Je propose donc ici que l’on puisse également choisir librement son âge (combien difficile à porter aussi) et pourquoi pas son espèce animale ou sa nationalité.

Pourquoi porter le poids d’une naissance à Ploudalmézeau ou Saint-Mars-La-Jaille, quand on peut choisir de naître à Pondichéry ou Paramaribo ?

Pourquoi de pas décider que l’on aura dorénavant et pour toujours 12 ans et demi, ou bien que l’on est un vautour fauve volant dans le soleil couchant ?

 

Les gazettes nous apprenaient également que le parlement espagnol avait, le même jour, voté définitivement une loi créant un « congé menstruel » pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Il sera donc possible désormais , sous peine de sexisme ou de transphobie, pour une femme sans utérus née homme d’en bénéficier.

 

Et c’est ainsi que l’histoire s’écrit. Dieu est méchant , Madame.

 

 



09/03/2023
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