Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

En quête d'étiquette

Paris, septembre 2023

 

 

Joyeux contribuables, redevables du droit sur les produits bénéficiant d’une appellation d’origine, d’une indication géographique ou d’un label rouge régi par les articles L642-13 et L642-14 du code rural et de la pêche maritime, je ne saurais trop vous conseiller, en ces temps obscurs, de vous méfier des étiquettes.

C’est du moins la conclusion que je tire de trois réflexions qui se sont imposées à moi récemment :

 

Ce fut tout d’abord, dans mon supermarché favori, la rencontre fortuite avec une bouteille d’huile d’olive dont l’étiquette indiquait « Origine : UE et non UE ».

Je vous demande de bien réfléchir à cette courte phrase.

La promesse d’une origine allume en nos cœurs un espoir fou : savoir d’où viennent nos chères olives oléifères. Patatras, la seconde partie de la phrase nous précise qu’elles viennent d’Europe. Ou pas.

En mathématiques, on appelle ça l’union de deux ensembles. Et là, l’union de ces deux ensembles nous indique que nos olives proviennent de points quelconques situés à la surface de la terre. Ce dont on se doutait, rares étant les olives en provenance de Bételgeuse ou d’Alpha du Centaure mais qui, admettez-le, enlève tout son sens à la mention d’origine.

 

Ensuite, ce fut la découverte dans une boutique d’un sac à main portant, semble-t-il avec une certaine fierté, la mention « 100% Végan »

Avouerais-je que j’ai dû consulter mon dictionnaire pour comprendre ce qu’était un sac végan ?

Au début était le végétarien, qui ne mangeait pas de viande, mais consommait quelques produits animaux, comme le lait, les œufs ou le miel. Puis vint le végétalien, au régime strictement végétal qui excluait tout produit animal. Et enfin arriva cette dérive venue d’outre-Atlantique (pléonasme ?) appelée véganisme : le refus de tout produit d’origine animale, de toute exploitation animale aboutissant à l’étape ultime, l’anti spécisme qui déclare que toutes les espèces sont égales en droit.

De la punaise de lit au griffon d’arrêt à poil dur, et du moustique à la gerboise des steppes.

 

Mais revenons à notre sac à main. La mention « 100% végan » est donc une autre manière de dire que ce sac est 100% synthétique, fabriqué grâce aux miracles de la pétrochimie dans une matière autrefois appelée skaï par nos grands-mères, et probablement composée de polyuréthane et de polyamide, ou de matières semblables.

Matériaux certes durables, puisque non biodégradables, mais qui

présentent surtout l’intérêt majeur de pouvoir vendre au bobo woke en quête d’achat « responsable » un sac en plastique qui s’abimera en une saison au même prix que le sac en cuir véritable.

 

 

Mais la pire valse des étiquettes nous fut probablement offerte par nos chers responsables politiques en cette rentrée. Ecoutez plutôt :

 

Le chef de cabine de l’église catholique apostolique et romaine, notre ami le pape François, a récemment décidé de venir célébrer une messe en France, dans la bonne ville de Marseille. A l’occasion, il a prévu de se recueillir devant une stèle initialement dédiée aux maris disparus en mer pour une prière étendue aux migrants. Normal, me direz-vous, c’est comme qui dirait son job, à Fanfan.

Mais ma jubilation (imprévue) vint des commentaires politiques…

 

Ce fut tout d’abord Jean-Luc Mélenchon, notre Che Guevara des calanques, ex-trotskiste de l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste), représentant actuel d’une gauche jadis progressiste, laïque, contemptrice de l’opium du peuple qui déjeunait volontiers chaque matin d’un curé ensoutané qui déclara, extatique : « Le Pape est le bienvenu en France ».

Réaction immédiate le lendemain de Marion Maréchal, fer de lance de la droite radicale, historiquement traditionnaliste et chrétienne : « Je suis en désaccord avec le Pape François. Je trouve qu’il n’a pas à faire de politique, et qu’il en fait trop ».

 

Comme le disait Mark Twain, « le vin allemand se distingue du vinaigre grâce à l’étiquette ».

A mon avis, quelqu’un a dû mélanger les étiquettes.

 

Et c’est ainsi que l’histoire (et les étiquettes) s’écrivent. Dieu est méchant, Madame.

 

 

 



26/09/2023
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