Les étoiles dans le caniveau

Les étoiles dans le caniveau

Les très riches heures de Dimitri Ivanovitch Carbonara, Petit atome de carbone

Les très riches heures

de Dimitri Ivanovitch Carbonara,

Petit atome de carbone

 

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D’ailleurs, en accord avec la saine raison, on peut dire que tout est dans tout et partout : dans le pain, il y a de la viande, dans les légumes, il y a du pain, et tous les autres corps, par le truchement de pores et de particules invisibles, pénètrent en tout et s’unissent à tout sous forme de vapeur.

In Diogène Laërce, VI, 73 – attribué à Diogène, Philiscos d’Egine, Pasiphon ou encore Anaxagore ou Empedocle - aux environs du 4ème siècle avant J.C

 

Les atomes, qui sont tous des corps petits, sont sans qualités, et le vide est cette sorte de lieu dans lequel tous ces corps, allant et venant éternellement, s’entrechoquent, s’entrelacent, se heurtent ou se font rebondir, se dissocient et s’associent de nouveau par l’effet de ces rencontres et produisent ainsi toutes les autres combinaisons, y compris nos propres corps, ainsi que leurs affections et leurs sensations.

 Démocrite (né en 460 av. J.-C. à Abdère et mort en 370 av. J.-C), cité par Galien, Les éléments selon Hippocrate, I, 2

 

Rien ne se crée de ce qui n’est pas, rien ne se perd dans ce qui n’est pas.

In Diogène Laërce, IX, 44 – Démocrite (Doxographie )

 

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 Bonjour, je suis Dimitri Ivanovitch Carbonara, le petit atome de Carbone !

 

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Oui, je sais, Carbonara, c’est un peu nul comme nom, même pour un atome de carbone Italien, comme moi. Mais on ne se moque pas, c’est le nom de mes ancêtres. Capito ?

 

Je vais d’ailleurs vous les présenter, mes ancêtres… Voici la galerie de famille :

 

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Mon prénom, aussi, franchement…il ne sent pas bon le terroir Italien.

 

Mais c’est de la faute de mes parents… Ils m’ont appelé comme ça en hommage à Mendeleïev, une sorte de savant fou russe qui, pour oublier sa tuberculose, a décidé de passer le plus clair de son temps à classer les atomes dans des petites cases dans le but (non avoué) de pourrir la vie des générations à venir d’étudiants en chimie.

 

Il en a fait une belle classification qui porte son nom et qui ressemble à cela :

 

CLASSIFICATION DE MENDELEÏEV:

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Gros plan sur moi (je suis sur la deuxième ligne, à droite) !!!!

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Comme tous les atomes qui se respectent, je suis composé d’un noyau, autour duquel gravitent des électrons.

 

Dans mon noyau, des protons et des neutrons.

C, c’est mon nom en abrégé, on appelle cela le « symbole chimique ».

6, c’est mon numéro atomique, c’est à dire mon nombre de protons.

12, c’est ma masse molaire atomique, mon poids, pour faire simple.

 

Attention, pas en grammes, ni en kilogrammes. L’unité de masse, chez les atomes, c’est le Dalton.

Bon, j’entends déjà les commentaires. , « et Lucky Luke c’est le poids d’un électron ? » et autres sarcasmes.

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Donc, je pèse 12… daltons.

 

Unité de masse ridicule, j’en conviens, due à John Dalton, un savant anglais quaker né en 1766. Un genre de Léonard de Vinci touche à tout, John Dalton...

Au début de sa vie, il s’est surtout intéressé à la météorologie.

Mais à force de dire à ses collègues qu’il trouvait le ciel rouge très joli, il s’est rendu compte qu’il ne voyait pas bien les couleurs, alors il s’est creusé la tête et il a sorti une théorie fumeuse expliquant que c’était dû à une décoloration du liquide de l’œil.

  

Il avait tout faux Johnny, (si je voulais faire une mauvaise plaisanterie, je dirais qu’il s’était mis le doigt dans l’œil ah ah !), mais du coup, il a donné son nom au daltonisme.

 

Après, il a travaillé sur les atomes, et principalement sur leur poids…

Et donc, de nombreuses années plus tard, on a décidé de donner le nom de Dalton à l’unité de masse pour les atomes.

Et depuis 1961 (et je n’en suis pas peu fier !), par définition, l’unité de masse atomique (le dalton) est égal à un douzième de la masse de l’atome de carbone, donc de MOI !

AAHHHH C'est bon, la gloire !!

 

1 dalton, c’est 1/602300000000000000000000 gramme, soit

0,00000000000000000000000166 gramme.

On note cela 1.66 10-24  J’ai plutôt la ligne, non ?

 

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Du rififi chez les atomes

 

Revenons à la table du camarade Mendeleiev.

Ça paraît vachement compliqué, comme cela, mais en fait, Dimitri, il a voulu faire son intéressant….D’abord, y’en a plein qui sont là, on se demande pourquoi.

 

Au hasard le Rutherfordium (N°104), le quatrième en partant de la gauche sur la dernière ligne de la photo de classe.

C’est ce qu’on appelle un « élément synthétique », c'est-à-dire qui n’existe pas à l’état naturel et peut seulement être créé artificiellement par une collision entre des noyaux atomiques. Donc, on s'en fiche quand même un petit peu, non ?

Quand on pense que pour le voir, des savants ont dû organiser en 1969 des collisions entre un de mes copains carbone et un atome de californium (un ancêtre des Bee Gees ?!)

Franchement, comme distraction…

 

Le plus drôle, c’est qu’ils se sont ensuite bombardés entre eux, les savants, pour savoir comment on appellerait ce nouvel élément. Les russes voulaient le baptiser Dubnium ou Kourtchatovium (à vos souhaits !), les américains Rutherfordium… 

Pour mettre fin à ce suspense insoutenable, on a du appeler les casques bleus de la chimie (L’IUPAC, ou International  Union of Pure and Applied Chemistry – L’Union Internationale de chimie pure et appliquée si, si, ça existe !), qui a courageusement tranché en décidant de l’appeler…. Unnilquadium.

Mais en raison des nombreux étudiants morts en essayant de se rappeler de ce nom impossible, ils ont finalement décidé de l’appeler Rutherfordium… en 1997, soit tout de même 28 ans après la « création » du premier atome.

 

U.S.A One point!

Mais les Russes n’étaient pas contents et restaient avec leur idée de Dubnium, alors l’IUPAC a décidé de donner ce nom, pour leur faire plaisir, à son voisin de palier (N° 105, la case juste à droite).

 

Et hop, les savants américains ont arrosé ça au whisky, les russes à la vodka, et tout le monde était content ! Mais entre les cases 104 et 105, c’est la guerre froide !

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Ensuite, les Allemands s’y sont mis. ..

Dans un laboratoire (le GSI), à coté de Francfort, ils se sont amusés, dans les années 80, à bombarder plein d’atomes avec d’autres atomes et à fêter chaque nouvel élément par une cuite à la Bitburger (bière locale).

Et PAF, je te fabrique le Bohrium (n°107) en 1981, puis l’Hassium (n°108)… et ainsi de suite jusqu'à l’Ununbiium (n°112) en 1996. Après, ils ont arrêté… peut-être qu’il n’y avait plus assez de Bitburger.

Un exemple au hasard de leur génie créatif : Le Meitnerium  (N°109, toujours sur la même rangée de rigolos). Nos amis Teutons ont seulement réussi à en créer 3 atomes, en 1982, qui se sont détruits après 3,4 millisecondes… Ça s’arrose!

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Les russes ont remis cela en 1999 et au bout de 40 jours de bombardement d’atomes de plutonium par des atomes de calcium, ils ont fabriqué l’Ununquadium. Pour l’instant, ça s’arrête là !

Bref, toute cette rangée, vous pouvez l’oublier, à part peut-être N°88, le radium, qui a longtemps servi a éclairer la cuisine de Pierre et Marie Curie, mais bon, ils ont du arrêter à cause des plaintes des voisins.

 

... Si on enlève les éléments qui sont juste là pour que Dimitri n’ait pas de trous dans son beau tableau, il ne reste pas grand chose d’intéressant.

Vers le centre du tableau, quelques métaux : fer (26), cuivre (29), zinc (30). Pas bien malins, ceux-là, mais costauds. Le zinc est devenu célèbre et a fait une belle carrière à Paris, dans les bars.

Puis, les deux crâneurs, deux lignes plus bas, Platine (78) et Or (79). Ces deux là, ils se la jouent depuis qu’ils habitent place Vendôme.

 

Non, où cela devient vraiment passionnant, c’est disons, au hasard.. en haut à droite, vers le numéro 6 (c’est moi) !!

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Je ne parle pas de mon pote du bout de la ligne le néon (N°10).

Il devrait quand même se rendre compte que son époque est passée, ce soixante -huitard attardé. Sous prétexte que tout le monde s’éclairait avec lui dans les années soixante, il en profite pour raconter sa vie aux petits atomes en fumant des pétards. Bravo l’exemple pour la jeunesse !

 

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Passons aussi sur le soufre (N°16). Il faudrait que quelqu’un ait un jour le courage de lui dire qu’il ne sent diablement pas bon…

 

 

 

 

Parlons des vrais, des sérieux : Oxygène (N°8), Azote (N°7) et moi (N°6) ah oui, et puis l’hydrogène, Mister maillot jaune avec son numéro 1.

Tellement fier celui-là, qu’il habite à part, au dernier étage tout en haut. Il dit qu’il représente quand même 93% de tous les atomes de l’univers…

 

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Appelez-moi C…

 

L’oxygène, en abrégé, c’est O. On appelle cela le « symbole chimique »

Le carbone, c’est C.

L’hydrogène, c’est H.

L’azote, c’est ….. perdu, c’est N ! Parce que, quand il habitait à Rome, il y a longtemps, il s’appelait Nitrum.

C’est son côté latin à lui, je ne peux pas lui en vouloir, parole de Carbonara.

 

C’est le camarade Lavoisier (dont on reparlera plus tard) qui l’a appelé comme ça.  

Philosophe, économiste, fermier général pendant la révolution – ce qui lui a valu d’être guillotiné-…. Mais surtout chimiste ! Il  a réalisé que les animaux meurent s’ils n’ont pas d’oxygène à respirer mais que de l’azote et donc « a «  (privatif) et « zôon « (animal, comme dans zoo, zoologique….zoophile) et hop, azote !

 

A propos, le nom d’oxygène, c’est lui aussi qui l’a inventé…

 

En attendant, à nous quatre, (carbone, hydrogène, oxygène et azote) les CHON, on représente 95% de la matière vivante, excusez du peu….

Tout ce qui vit, du microbe à l’hippopotame, de la plante verte à l’être humain (même un représentant en cuisine aménagée)…Paf, 95% pour mes trois potes et moi. Alors respect !!!

Vous voulez des preuves ? Tant pis, je balance :

 

Masse de chaque élément pour une personne de 70 kg :

 

Oxygène                   65%

Carbone                   18 %

Hydrogène               10 %

Azote                        3 %

 

Chang, Raymond (2007). Chemistry, Ninth Edition. McGraw-Hill, p. 52

 

Total 96%, record battu! Quand je vous disais que certains atomes du tableau, ils sont juste là pour faire joli !! Bon d’accord, il n’y a pas que la matière vivante sur terre.

Si on regarde la composition de notre bonne vieille terre, c’est assez différent :

 

Fer                            32.1%

Oxygène                    30.1%

Silice                         15.1%

Magnésium              13.9%

Soufre                        2.9%

Nickel                        1.8%

Calcium                      1.5%

Aluminium                 1.4%

 

Morgan, J. W.; Anders, E. (1980). "Chemical composition of Earth, Venus, and Mercury". Proceedings of the National Academy of Science 71 (12): 6973–6977

 

Total : 98.8%.....Les 1.2% restant pour tout le reste du tableau de Dimitri Ivanovitch.

 Et re-paf pour ceux qui voulaient jouer les indispensables. 

Bon d’accord, même moi , Carbonara, je ne représente que 0.04% de la composition de la terre mais au moins, je suis bien classé dans la matière vivante !

 

Vous comprendrez aussi pourquoi l’oxygène se prend un peu pour le roi du monde… Premier pour la matière vivante, second sur la composition de la terre…Ceci dit, il est plutôt sympa  (je ne vais pas dire le contraire, vu qu’il m’arrive de me marier avec, on verra cela plus tard). 

 

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Et si on parlait de moi?

 

Y’a qu’ça qui m’intéresse….

Vous avez vu que Dimitri nous a collé un numéro, dit « atomique ». En ce qui me concerne, le numéro 6 : cela veut dire que j’ai 6 protons

 Comme les protons ont une charge positive et les électrons une charge négative, et comme je tiens à rester neutre (je vous rappelle qu’il y a des suisses italiens), j’ai donc également 6 électrons.

 

Maintenant,  je vais vous expliquer comment je suis fabriqué, selon Mr Niels Bohr et Mr Pauli. Bon, c’était vers 1910/1920 qu’ils se sont creusé les méninges là-dessus, mais c’est la théorie la plus simple.

Soyez sympas, n’en parlez pas à Monsieur Schrödinger. Lui, il a essayé plus tard (vers 1926) d’expliquer tout cela en parlant de «nuages de probabilité de présence» mais si on part là-dedans, je sens que vous allez zapper et regarder des bêtises à la télé en mangeant des cacahuètes.

Et puis, Schrödinger, c’est quand même un mec qui prétendait qu’un chat peut-être mort et vivant à la fois, alors…

 

Selon Monsieur Bohr, les électrons se répartissent en couches autour du noyau et  il a décidé de nommer la première couche K, la deuxième L, la troisième, M, etc, etc…

Bon d’accord, c’est un peu bizarre de commencer un alphabet par K, mais personne ne sait vraiment pourquoi il a fait cela, Niels… Peut être que sa petite amie s’appelait Karin ou son chien Kador?

 

En fait il semble qu’il ait piqué ces noms à un de ses camarades britanniques, Charles Barkla.

Charles avait travaillé en 1911 sur le pouvoir de pénétration des rayons X et en avait découvert deux types différents. Comme il soupçonnait qu’il y en aurait beaucoup d’autres, et pour ne pas être coincé, il a décidé de les nommer K et L, ce qui laissait de la place dans l’alphabet en-dessous et au-dessus, pour les suivants.

Du coup, quand en 1913, Niels Bohr a inventé son modèle (qui expliquait aussi l’origine des rayons X) il a recyclé les couches K et L et a continué l’alphabet.

 

Puis est arrivé Monsieur Wolfgang Pauli, un Autrichien qui a passé une partie de son existence à essayer de comprendre comment se rangeaient les électrons sur les susdites couches.

Ça l’a tellement énervé, Wolfgang, de compter des électrons toute sa vie qu’il s’est mis à fumer et à picoler.

 

Il est alors allé voir le psychiatre Carl Gustav Jung, en Suisse, pour en parler, mais au lieu de faire une analyse, ils se sont retrouvés à deviser gaiement des « relations entre la psyché et la matière » et à écrire un livre, sobrement intitulé «Synchronicité comme principe de connexions a-causales »…. (Le premier qui comprend simplement le titre peut m'écrire, il a gagné son poids en Emmental, offert par les héritiers de Carl Gustav !)

Cela ne l’a pas vraiment détendu, alors il s’est fait un ulcère et il en est mort.

 

Il avait auparavant établi que la première couche (donc K) pouvait contenir deux électrons, la seconde (L) 8, la troisième (M) 18, etc, etc…

 

Ensuite, comme c’était un garçon qui aimait l’ordre (ach, l’ordre en Autriche dans les années 20, z’était gross importance !) il a édité une règle de construction : Les électrons occupent d'abord la couche K puis, quand celle-ci est saturée, d'autres se placent sur la couche L et ainsi de suite.

 

Pour finir, un copain à lui  qui s’appelait Gilbert Newton Lewis (qui devait aimer l’ordre aussi) à dit que c’était bien beau tout cela, mais que les huit électrons de la couche L et les dix-huit de la couche M, ils n’allaient quand même pas se placer n’importe comment, non mais quoi !

 

Il a décidé que si un atome a quatre électrons ou moins sur sa couche périphérique (la dernière en partant du noyau), alors ils sont tous célibataires  (cela veut dire tout seul, pour Lewis. Il est américain et en 1904 aux Etats-Unis, pas question de rigoler, on ne vit pas dans le péché, non mais !)

 

Lorsqu'il y a plus de quatre électrons, chaque électron se rajoutant forme avec un célibataire existant un « doublet ».

 

Bon, cela paraît compliqué comme ça… Un petit dessin?

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Ça, c’est moi, Carbonara ! Je porte le numéro 6, donc j’ai 6 électrons. Pour faire plaisir à monsieur Pauli, j’en mets deux sur la couche K. 

Paf, rideau pour cette couche.

Je mets donc les quatre autres sur la couche L (je vous rappelle qu’on peut aller jusqu’à huit sur cette couche). Selon le camarade Lewis, comme il y en a que quatre, ils sont donc tous célibataires.

On peut dire que je suis (K)2 (L)4, avec quatre électrons célibataires sur la couche périphérique, mais c’est pas grave, c’est pas une maladie.

 

Un autre exemple ? Mon pote l’oxygène (membre, je vous le rappelle, du club des quatre, CHON, l’élite de la matière vivante…).

 

Son numéro à lui, c’est le 8. Donc huit électrons, deux sur la première couche K, six sur la deuxième couche L.

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Comme il y a plus de quatre électrons sur la couche périphérique, les deux électrons rajoutés se mettent à coté de leur copain et forment un doublet.

 

L’oxygène, il est donc (K)2 (L)6, avec seulement deux électrons célibataires

Bon d’accord, la théorie de Pauli, elle ne marche que pour les trois premières lignes de la classification de Mendeleiev.

Après, il faut compliquer les choses mais on s’en fiche, je vous ai déjà dit ce que je pensais des crâneurs des autres lignes plus bas dans le tableau, genre Unununium (rien que le nom m’amuse !)

 

Mes quatre électrons de la couche périphérique L, ils sont donc appelés célibataires, puisqu’ils sont tout seuls.

L’embêtant, c’est que ce sont de vrais obsédés et que le célibat, ça leur monte à la tête.

Ils ne pensent qu’à une chose : s’apparier avec d’autres électrons célibataires appartenant à d’autres atomes et établir ce que l’on appelle une liaison chimique !

 

Pour un atome, il y aura autant de liaisons chimiques possibles que de nombre d'électrons célibataires.

 

D’où ma réputation de dragueur qui fait pleurer ma mère (la sainte femme !).

Tout cela parce qu’il m’arrive de me marier avec des compagnes différentes au cours de ma vie (des oxygènes, des hydrogènes…voire d’autres atomes de carbone, au hasard des rencontres !)

 

De plus, j’ai tendance à en épouser plusieurs à la fois.

 

Oh ça va, pas la peine de crier, on n’a pas fait 68 pour rien, non ?

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Mathusalem ? Un petit jeune….

 

Je suis né il y a très longtemps …. En fait, comme tous les atomes existant aujourd’hui, je suis né au moment du Big Bang, ou un peu après. J’ai donc quelques milliards d’années.

Oui, je sais je ne les fait pas, merci !

Depuis ce temps là, aucun nouvel atome de créé.

Tout, depuis le début du monde, se construit, puis se défait, puis se reconstruit avec les seuls atomes existant au départ. Ce qui fait que la plupart des atomes ont servis pas mal de fois depuis leur création…

 

Un qui avait bien compris cela, c’était Anaxagore de Clazomènes.

Ce pauvre garçon, en plus d’être affublé d’un nom impossible, est né en 500 avant Jésus Christ dans ce qui est maintenant la Turquie. Il était philosophe, Anax et pas très copain avec Démocrite, qui lui a quand même piqué pas mal de ses idées sur les atomes.

Anaxagore a écrit « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. Pour parler juste, il faudrait donc appeler le commencement des choses une composition et leur fin une désagrégation»

 

Beaucoup plus tard, il s’est fait piquer son idée par Antoine Lavoisier avec « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se  transforme »

C’est pas pour dénoncer, mais Antoine et Démocrite, ils font rien que copier sur Anaxagore.

En attendant, respect pour Anaxagore qui, en 500 avant Jésus Christ, avait inventé l’atome (en fait, ils sont plusieurs sur le coup, avec Leucippe de Millet et Démocrite…)

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Au tout début du monde, il n’y a avait pas beaucoup de matière vivante…seulement, dans l’atmosphère, des gaz : de l’'ammoniaque (NH3), du méthane (CH4), du dioxyde de carbone (CO2) et un peu d'hydrogène (H2)…

 

Très jeune, je me suis donc mis à la colle avec quatre atomes d’hydrogène très sympas pour former une molécule de méthane, que les chimistes  écrivent CH4.

(Molécule, c’est le nom que l’on donne à un assemblage d’atomes).

 

Le méthane, c’est un gaz inflammable, une des molécules les plus simples. Si vous avez fait du camping - mais si, avouez-le, y’a pas de honte - vous connaissez ses frères butane et propane.

Si vous avez fait le plein de votre voiture une fois dans votre vie, vous connaissez surement aussi son grand frère octane…

Nous sommes tous de la famille des hydrocarbures (Hydro pour hydrogène et Carbure pour Carbone, donc composés de carbone et d’hydrogène…se sont pas foulés pour trouver un nom sur ce coup-là, les chimistes).

 

Vous avez vu, lors des épisodes précédents, que j’ai quatre électrons célibataires, que le célibat travaille un peu...

 

L’hydrogène, lui, porte le numéro 1 dans la classification de Mendeleiv. Donc, il a 1 proton. Donc 1 électron (toujours le principe de neutralité électrique chez les atomes). Sa structure est donc simple:

 

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Une seule couche, la première, K et un seul électron dessus… franchement, pour faire plus simple, c’est dur.

Bien entendu, cet électron est dit célibataire aussi et vous avez compris la suite…

Quand un de mes électrons célibataires rencontre un électron célibataire de l’hydrogène…Paf, ze coup de foudre !

L'appariement de deux électrons célibataires  (un provenant du carbone et un de l'hydrogène) forme ce que l'on appelle une liaison chimique.

Comme j’ai quatre électrons célibataires, chacun peut convoler en juste noce avec l’électron célibataire d’un atome d’hydrogène et je peux donc former quatre liaisons.

 

A la fin, je me retrouve marié avec quatre atomes d’hydrogène. Eloignez les enfants de la page, voilà la photo de mariage :

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D’où la formule :

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Mais appelez-moi juste CH4.

 

J’aime bien être dans une molécule de méthane. D’abord, esthétiquement, je trouve cela assez joli, d’être entouré par quatre atomes d’hydrogène…

Ensuite, comme les atomes d’hydrogène ne peuvent pas se voir une fois mariés, ils essayent de s’éloigner au maximum les uns des autres et nous formons une chouette forme tétraédrique, avec un angle de 109.5° (le maximum possible) pour chacune de mes liaisons.

Pas besoin de contorsion…je suis dit « en hybridation sp3 », c’est à dire en clair super relax !!

 

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Pour vous faire une idée, on va utiliser la représentation inventé par un autre américain, Donald J.Cram. Il a reçu le prix Nobel de chimie en 1987 (pas que pour cela, quand même).

 

Il a eu une vie passionnante, Donald, qu’il raconte dans son autobiographie, a ne surtout pas rater, vu qu’elle vaut son pesant de cacahuètes (http://nobelprize.org)

Dans cet ouvrage éternel mais injustement méconnu, il explique qu’il pesait un peu moins de cinq kilos à la naissance et qu’il avait une grosse tête. Si Si….

 

En plus, il marchait à 7 mois et a renversé une casserole pleine d’œufs frais sur la dite grosse tête. …

On ne se rend pas toujours bien compte de la vie passionnante de certains…Mais je m’égare…

A part ces détails essentiels, voilà la convention utilisée pour dessiner les atomes à la Donald :

 

  1. Un trait plein représente une liaison entre deux atomes situés dans le plan de la figure.
  2. Un triangle allongé plein représente une liaison entre un atome situé dans le plan de la figure et un atome situé en avant de ce plan.
  3. Un trait en pointillé représente une liaison entre un atome situé dans le plan de la figure et un atome situé en arrière de ce plan.

Voici donc à quoi je ressemble dans la molécule de méthane :

 

 

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Élégant, non …?

 

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Et on change de cavalière !

 

Mais tout cela, c’était à la création du monde, il y a longtemps.

 Aujourd’hui, je suis un peu différent : je vis actuellement en compagnie de deux copines atomes d’oxygène.

On forme une chouette molécule de gaz carbonique (ou dioxyde de carbone, pour ceux qui sont allés à l’école, moi, je m’en fiche, appelez-moi juste CO2).

Pour me marier avec ces deux molécules d’oxygène, j’ai du changer : l’oxygène porte le numéro 8, donc il ressemble à cela :

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Il a donc deux électrons célibataires (et moi, quatre, merci de prendre des notes, j’ai horreur de me répéter !).

Pour que tout le monde soit content, et qu’il ne reste personne de célibataire, pas trente-six possibilités : faire des « doubles liaisons »: deux de mes électrons  doivent se lier avec deux électrons célibataires de l’oxygène. Evidemment, je dois me contorsionner un peu et je ne suis plus relax en sp3… je passe en sp2.

Là, pas de chouette tétraèdre ! Tous les atomes sont bêtement alignés en rang d’oignons…

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Moi, crispé en hybridation sp2 ?

 

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Et l’aventure continue…

 

Pour l’instant je volète doucettement dans l’air de la Toscane, au dessus des champs d’oliviers. Je suis un gaz incolore et inodore….

Vous me connaissez-bien : c’est moi qui suis responsable des bulles dans les boissons gazeuses que vous ingurgitez à longueur de journées (ne dites pas non, je vous ai vu).

 

A l’origine, je suis présent naturellement….Mais à cause des moteurs (entre autres) vous, les hommes, avez tendance à rejeter de plus en plus de gaz carbonique.

Le niveau de CO2 dans l’atmosphère est désormais de 387 parties par million (ppm), en hausse de près de 40% depuis le début de la révolution industrielle. L’embêtant, c’est que je suis un gaz « à effet de serre » et que à cause de moi, la planète se réchauffe…mais c’est une autre histoire.

 

ENFER ET DAMNATION ! En passant près d’une feuille d’olivier, je viens de me faire avaler par un stomate. Attention, j’ai bien dit stomate, pas tomate….

Tomate, c’est bon pour la bolognaise, je vous rappelle que je suis un carbonara….

Non, un stomate est un petit trou situé en général sous les feuilles, qui permet les échanges gazeux entre la plante et l'air ambiant.

Il ressemble un peu à une petite boutonnière (mais petite, alors, il y en a quand même 50 à 500 par mm² de feuille…).

Maintenant, je suis prisonnier dans une petite pièce, la chambre sous- stomatique…. BRRR ! Mes copines Oxygène et moi, on n’en mène pas large !

 

Nous sommes plusieurs molécules de CO2 à attendre là. En discutant avec l’une d’elles, j’en apprends de belles…

" On s’est fait capturer par une  usine à photosynthèse. La plante  va nous forcer à travailler pour elle. On va fabriquer des feuilles, du bois… et ici, surtout de l’huile !!! "

 

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La photosynthèse

 

Faut dire que la photosynthèse, c’est un truc assez génial !

Vous prenez du gaz carbonique, vous ajoutez de l’eau. Un petit rayon de soleil, et la plante fabrique tout ce dont elle a besoin.

Plus fort que David Copperfield ! et en plus, elle relâche de l’oxygène !

 

Sous la forme d’une équation chimique, ça donne :

CO2 + H2O + lumière → -(CH2O)- + O2

En français : gaz carbonique + eau+ lumière = un morceau de plante + oxygène

 

(CH2O), c’est en quelque sorte la brique à partir de laquelle seront construits tous les glucides :

 

H----C-----OH

 

Si vous vous souvenez de la représentation de CRAM (Donald de son prénom), voici la brique dans la molécule de glucide :

 glucide cram.gif

Mais si, vous connaissez les glucides… le plus connu, c’est le glucose :

glucose.gif

 

Le glucose est composé de 6 "briques" H-C-OH, d'où son nom d'hexose. (il existe aussi des trioses,(à 3 atomes de carbones) des tetroses (4), des pentoses (5) , etc... Il existe même des nonoses à 9 carbones (couché le chien !)

 

Mais pour transformer un gaz (le dioxyde de carbone) en matière palpable comme le glucose, pas  de mystère, il faut de l’énergie, et cette énergie est apportée par le soleil, sous forme de lumière....

separateur-texte.gif

 

Dis, papa, pourquoi les feuilles d’arbre sont vertes ?

 

Vous avez déjà vu un arc-en-ciel ? En général, il vient de pleuvoir et les milliards de petites gouttes d’eau présentes dans l’air vont «décomposer» la lumière du soleil.

Cette lumière qui parait blanche est en fait « polychromatique », un gros mot pour dire qu’elle est composée de plusieurs couleurs.

On peut refaire l’expérience en laboratoire en utilisant un prisme de verre :

prisme.gif

 

 

 

Oui, je sais les babas cools, ça vous rappelle Pink Floyd et ' The Dark Side of the Moon…

 

 

 

 

 

Donc la lumière blanche est constituée de pleins de jolies couleurs, du violet au rouge, qui constituent le spectre visible par l’oeil humain.

Au-delà du rouge, c’est l’infra-rouge (pas visible, mais qui chauffe !). Avant le violet, c’est l’ultra-violet (pas visible, mais qui bronze !).

Au lieu de parler de couleurs (qui ne s’appliquent qu’au visible), les physiciens préfèrent parler de longueurs d’onde. Il y en a plein d’autres, qui ne sont pas visibles, des rayons X (petites longueurs d'onde) aux ondes radios (grandes longueur d'onde).

longueur d'ondes.gif

VISIBLE

 

Les pigments qui sont contenus dans les plantes absorbent mieux certaines longueurs d’onde. Par exemple, la chlorophylle des plantes absorbe bien la lumière rouge et la lumière bleue, mais elle n’absorbe pas bien la lumière verte et la réfléchit, ce qui donne cette couleur verte à la plante.

 surface verte.gif

La couleur verte est réfléchie, mais toutes les autres couleurs (ou longueurs d’onde), le rouge, le bleu… sont absorbées par la chlorophylle).

Et lorsque la chlorophylle absorbe la lumière, un de ses électrons passe à l’état excité. Et un électron excité, c’est de l’énergie!

 separateur-texte.gif

 

Quelle énergie ?!

 

Pas facile à définir, l’énergie…

On peut dire que c’est la capacité d’un système à produire un travail (Produire un mouvement, fabriquer de la chaleur, fabriquer de la lumière, transformer la matière…).

L’énergie se mesure en Joule, en hommage à James Prescott Joule, un physicien britannique qui était aussi brasseur (et donc forcément un type bien) et copain de John Dalton, l’homme qui pesait les atomes et voyait rouge.

 

Dans la photosynthèse, l’énergie sert non pas à fabriquer de la matière (rappelez-vous, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !) mais à transformer la matière, à passer d’un état simple (des molécules simples comme CO2 ou H2O) à des molécules plus compliquées, comme le glucose, voir plus haut.

C’est un peu comme si on avait des briques et du ciment (les molécules simples) et que l’énergie du maçon (la lumière)  permettait de construire un mur (la molécule complexe).

 

L’énergie est gouvernée par les trois principes de la thermodynamique, qui expliquent à peu près tout ce qui se passe dans l'univers :

 

Premier principe de la thermodynamique :

 

Lorsqu’il y a transformation, il y a conservation de l’énergie.

Autrement dit, l’énergie globale d’un système isolé reste constante.

Et comme l’univers est un système isolé, la quantité d'énergie dans l'univers est restée la même depuis le début du monde.

L’énergie ne fait que se transmettre : Le cycliste fait avancer le vélo grâce à son énergie musculaire (elle-même transmise par les aliments). L’énergie se transforme en énergie cinétique (en clair, la bicyclette roule); cette énergie cinétique se transforme, lorsque le cycliste freine, en chaleur (énergie thermique) transmise aux patins de freins. Dans  tous ce processus, l’énergie globale reste la même, seule la forme change.

Avouez-le, vous ne regarderez plus jamais le Tour de France de la même manière...

 

Si un élément perd de l’énergie, la même quantité d’énergie est obligatoirement gagnée par un autre élément en relation avec le premier.

 

L’énergie ne peut se créer ni se perdre… donc, au sens physique, il ne peut exister de pertes d’énergie, d’énergie renouvelable, ni même de source d’énergie. Rappelez-vous, l’énergie de l’univers est constante. Tout ce que l’on observe, ce sont des transformations d’énergie ou sa "concentration" en un endroit donné.

Par exemple, l’énergie fournie par le pétrole est contenue dans ce pétrole sous forme de liaisons chimiques, qui se sont établies il y a très longtemps, d'où le nom d'énergie fossile.

 

Mais, donc, si l’énergie peut se transformer et qu’elle ne peut ni se créer, ni se perdre… Cela ne vous rappelle rien ? Encore une fois, Anaxagore et Lavoisier avaient raison : il en est de la matière comme de l’énergie.

L’énergie se conserve toujours, c’est donc le premier principe.

 

Deuxième principe de la thermodynamique :

 

Principe de dégradation de l’énergie et de l’irréversibilité des phénomènes physiques.

 

Reprenons l’exemple du coureur du Tour de France ….

Lorsque le cycliste freine, l’énergie cinétique du vélo se transforme en énergie thermique (les patins chauffent). En revanche, il n’est pas possible de faire rouler le vélo en utilisant l’énergie thermique des freins. C’est ce qu’on appelle l'irréversibilité des phénomènes physiques.

Et si l’énergie se conserve (voir le premier principe), elle passe de formes concentrées à des formes diffuses…. la chaleur des freins se dissipent dans l’air.  . C’est la dégradation de l’énergie. Le désordre augmente (les physiciens disent l’entropie augmente).

 

Pour un système isolé et fermé, l’entropie  - donc le désordre - ne peut qu’augmenter (c’est ce que je me dis chaque semaine en rangeant mon bureau).

 

Pour construire quelque chose (c'est-à-dire passer d’un état désordonné à un état ordonné), il faut apporter de l’énergie. Si on cesse d’apporter de l’énergie, les choses se dégradent.  Un vase jeté sur le sol va se casser et ne se reconstituera jamais tout seul.

Moi, je l’aime bien ce deuxième principe, puisqu’il dit que tout évolue naturellement vers le désordre et la dégradation… on le constate tous les jours. Ploum ploum tralala, Anarchie vaincra !!

 

Troisième principe de la thermodynamique: 

« L’entropie d’un corps pur est nulle à 0° Kelvin »

… euh, en fait, on s’en fiche un peu de ce principe-là ! D’abord, 0°Kelvin, c’est -273 degrés Celsius. C’est ce qu’on appelle le zéro absolu, la température la plus basse qui puisse exister dans l’univers.  

Elle est théorique et inaccessible, et rien que d’en parler, j’ai froid.

 

Quatrième principe de la thermodynamique :

 

Il n’existe pas. Quelques savants se sont amusés à le créer (sans doute après avoir abusé de boissons fermentées), en le définissant comme loi de Murphy, ou loi de la tartine beurrée, ou LEM (loi de l’emmerdement maximum). Ce principe gouverne le monde de façon bien plus certaine que les trois premiers et peut se résumer comme suit :

 

1.      Rien n'est aussi simple qu'il y paraît.

2.      Tout prend plus de temps que ce que vous croyez.

3.      Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal.

4.     S'il existe plusieurs façons pour les choses de mal se passer, c'est celle qui fera le plus de dégâts qui se produira.

Corollaire : C'est au pire moment que les choses tourneront mal.

5.      Si quelque chose "ne peut tout simplement pas mal tourner", ça tournera mal quand même.

6.      Si vous avez imaginé plusieurs façons pour les choses de mal se passer, et que vous les avez circonvenues, une autre façon apparaîtra spontanément.

7.      Laissées à elles-mêmes, les choses ont tendance à aller de mal en pis.

8.      Si tout semble manifestement bien se passer, c'est que quelque chose vous a échappé.

9.      La Nature frappe toujours au défaut de la cuirasse.

10.    Mère Nature est une chienne. L'univers n'est pas indifférent à l'intelligence, il lui est activement hostile.

11.    Il est impossible de faire quoi que ce soit à l'épreuve des imbéciles : les imbéciles se montrent toujours si ingénieux !

12.    Si vous décidez de faire quelque chose, il y aura toujours autre chose à faire avant.

13.    Chaque solution apporte de nouveaux problèmes.

 

Revenons-en à la photosynthèse :

 

Selon le premier principe : l’énergie se conserve : l’énergie solaire se transforme en énergie chimique. Chez les êtres vivants, l'énergie prend la forme d'énergie chimique soit directement disponible (sous forme d’une molécule qui sert de réserve appelée adénosine triphosphate ou ATP), soit stockée sous forme de sucres, de graisse chez les animaux, d'huile chez les végétaux.

 

Selon le deuxième principe : en apportant de l’énergie, on passe d’un état simple (CO2) à un état plus ordonné (glucose).

En résumé, pour transformer des molécules simples en molécules compliquées, il suffit d'apporter de l’énergie.

 

 separateur-texte.gif

 

Fais de l’huile….

 

Moi, suite à ma capture par le stomate et mon passage dans l’usine à photosynthèse, puis dans la machinerie de la cellule d’olivier, je me retrouve dans une molécule d’acide oléique.

Maintenant que vous êtes incollables en chimie, voici la formule de l’acide oléique : C18H34O2, soit une longue chaine composée de 18 potes à moi, les carbones, 34 hydrogènes et deux oxygènes.

acide oleique.gif

Ma formule chimique est donc C18H34O2

 

18 atomes de Carbone à 12 daltons = 216 daltons

34 atomes d’Hydrogène à 1 dalton = 34 daltons

2 atomes d’Oxygène à 16 daltons = 32 daltons


Je pèse 282 daltons.

 

L’acide oléique, c’est un des constituants essentiels de l’huile d’olive. Me voila donc tranquillement installé dans une olive qui noircit doucement au soleil de Toscane….

 

Damned, depuis ce matin, me voilà en bouteille, après avoir subit « une première pression à froid », comme c’est marqué sur l’étiquette !! En bref et pour faire clair, je me suis fait écraser, filtrer et me voici dans une bouteille, a coté de dizaines d’autres…

En début d’après-midi, la caisse de bouteilles (dont celle dans laquelle je réside actuellement) a quitté l’usine  dans une belle camionnette. Après un passage rapide sur l’étagère de  la cuisine de la pizzeria «la Terrazza» à Castiglioncello, me voici maintenant sur la table du restaurant…!!

 

La soirée est douce, et Luigi a décidé d’inviter Livia pour un diner en amoureux, sur la piazza de la Victoria, à l’ombre du château Pasquini….

Dévoré par un italien affamé, c’était donc mon destin …

 Me voici avalé, jeté dans l’estomac, puis dans l’intestin….De là, je passe dans la circulation sanguine de Luigi, pour atteindre ensuite le foie.

 

A l’intérieur de la cellule hépatique, (mot savant pour dire cellule du foie, parce qu’en latin, le foie se dit ..Hepar. Non, Contrexéville, cela ne veut rien dire) je suis capté par un organite (c’est comme ça qu’on appelle un petit organe) appelé mitochondrie.

 petit organe.gif

Une cellule, c’est une sorte de sac, limité par une paroi ou une membrane et qui contient plein de choses : un noyau – qui sert de disque dur- et toute une série d’organites (dont la mitochondrie), chacun avec un rôle bien défini dans le fonctionnement de la cellule.

 

separateur-texte.gif

 

Drôle d’objet, cette mitochondrie….

 

L’ADN (ou acide désoxyribonucléique, à vos souhaits -merci- je vous en prie) est une molécule présente dans le noyau des cellules vivantes et qui renferme l’information génétique sous forme de 43 paires de chromosomes (23 légués par pôpa, 23 légués par môman..).

Ce sont ces chromosomes qui vont décider de la couleur de vos yeux, de vos cheveux, et de plein d’autres choses qui font que vous ressemblez à Papa, à Tata Marcelle ou à un ami de la famille.

 

L’ADN contient également l’information nécessaire au fonctionnement de la cellule.

(Je ne vais pas rentrer dans le détail de la structure de la molécule d’ADN, parce que c’est un peu compliqué quand même).

 

Règle d'or : Toutes les cellules d’un même organisme possèdent le même ADN.

Toutes ? Non !

 

Trois exceptions:

  • les globules rouges, qui n’ont pas de noyau et donc pas d’ADN du tout, 
  • les cellules sexuelles qui en contiennent la moitié (23 paires seulement) et….
  • …la mitochondrie qui possède un ADN qui ne ressemble à rien d’autre.  Ou plutôt si : qui ressemble à un ADN de ….bactérie !

Un véritable alien vit dans nos cellules, tapi dans l’ombre… Que fait la police ?

 

En fait, la mitochondrie proviendrait d’une bactérie qui serait rentrée dans une cellule de nos ancêtres il y a environ deux milliards d’années...

Cela arrive souvent qu’une bactérie essaie d’envahir une cellule (en fait, c’est ce qui se passe bien souvent quand on est malade). Commence alors le grand match entre la bactérie et la cellule.

A la fin de l’histoire, ou la cellule gagne et la bactérie est morte, ou la bactérie gagne, et c’est la cellule qui est morte.

 

Mais là, mystère… La bactérie est restée dans la cellule, et personne n’est mort. La cellule et la bactérie ont continué leur petit bonhomme de chemin, chacune tolérant l’autre.

 

Au cours de l'évolution l'ADN originel de la bactérie s’est ensuite un peu modifié, mais demeure totalement différent de l’ADN de l’individu.

mitochondrie.gif

C'est dans cette mitochondrie que se situe la machinerie qui va servir à dégrader l'acide oléique...

 

separateur-texte.gif

 

Hélice de Lynen et cycle de Krebs

 

Dès que la molécule d’acide oléique pénètre dans la mitochondrie de Luigi, sa dégradation commence:

Elle entre dans une machine infernale, l’hélice de Lynen, qui la découpe en tranches (comme une vulgaire mortadelle italienne) de deux atomes de carbone à chaque tour.

La chaine se raccourcit à chaque fois : 18, 16, 14 atomes de carbone et à chaque fois, une molécule d’acétyl-coA (qui renferme deux atomes de carbone) est formée.

 helice de Lynen.gif

A son tour, la molécule d’acétyl coA entre dans une autre machine infernale, le cycle de Krebs, qui la transforme en énergie, en eau et en dioxyde de carbone

 lone carbones.gif

Allégorie :

les 2 atomes de carbone de l’acétyl co A entrant dans le Cycle de Krebs.

Auteur Inconnu

 

Le cycle de Krebs est une succession de réactions chimiques qui vont dégrader l'acetyl coA (composé de deux atomes de carbone) en deux molécules de dioxyde de carbone (CO2), en libérant de l'énergie (celle qui avait été apporté par la lumière lors de la photosynthèse de l'acide oléique).

 cycle de krebs.gif

 

Encore une fois, l’énergie est conservée (l’énergie du soleil est maintenant transformée en énergie chimique) et la matière également (les 18 atomes de carbone présents dans l’acide oléique sont maintenant sous forme de 18 molécules de CO2).

 decennoctuplés.gif

L’énergie va être réutilisée par la cellule pour fabriquer d’autres choses, et les atomes vont resservir… Rien ne se perd, on vous dit!

 

En résumé:

 lynen plus krebs.gif

 

Sous forme simple, on peut écrire :

Acide oléique + oxygène -------> Dioxyde de carbone + eau

Soit, sous forme d’équation chimique : 

C18H34O2 + O2--->CO2 + H2O

 

separateur-texte.gif

 

La conservation de la masse

 

Le problème, quand on l’écrit comme cela, c’est que j’ai 18 atomes de carbone d’un côté (dans la molécule d’acide oléique).. et seulement 1 atome de carbone de l’autre côté. On dit que l’équation n’est pas équilibrée.

Ors, je vous le rappelle (pour la dernière fois !) Rien ne se perd, rien ne se crée…. Tout se transforme.

Ici, cela s’appelle « loi de conservation de la masse » : au cours de n'importe quelle réaction chimique, le nombre d'éléments de chaque espèce chimique reste inchangé. Autrement dit, la masse totale des réactifs est égale à la masse totale des produits.

 

C’est un médecin français, Jean Rey, qui a le premier mis ce principe en évidence en 1630, dans un ouvrage sobrement intitulé « Essais sur la recherche de la cause pour laquelle l’Etain et le Plomb augmentent de poids quand on les calcine ». Vous pouvez respirer…

Son travail a consisté à bruler de l’étain sous une cloche en verre (c'est-à-dire à l’oxyder) : il s’est alors rendu compte que le volume d’air diminuait et que les cendres formées pesaient plus lourd que le produit de départ.

Sa conclusion pour expliquer que l’étain était plus lourd après avoir été calciné était « que ce surcroit de poids vient de l’air ». Pas bête, Jeannot !

 

Ce que l’on peut aujourd’hui expliquer par la réaction chimique : 

Etain + oxygène---->dioxyde d’étain

Sn + O2--->SnO2

 

L'étain a une masse atomique de 118.7 daltons, l'oxygène une masse de 16 daltons.

 

118.7 daltons + (2*16) daltons = 150.7 daltons

Le produit (dioxyde d’étain, 150.7 daltons) est plus lourd que le produit d’origine (étain, 118.7 daltons)

Donc je ne voudrais pas dire du mal de Lavoisier, mais quand il a publié ses travaux  (en 1774, dans son « Mémoire sur la calcination de l’étain dans les vaisseaux fermés et sur la cause de l’augmentation du poids qu’acquiert ce métal pendant cette opération ») il avait :

  • réussi à donner à son article un titre plus long que celui de Jean Rey, ce qui n’était pourtant pas facile…
  • piqué l’idée à Anaxagore de Clazomènes
  • copié toute la chimie sur Jean Rey…

Pas super élégant !

 

De plus (mais ne le répétez pas) Lavoisier n’a jamais voulu admettre la contribution de Jean Rey et il semble même que, selon certaines rumeurs, Lavoisier et ses amis aient acheté tous les copies qu’ils ont pu trouver du livre de Jean Rey, ce qui fait que l’accès au travail de celui-ci est devenu très difficile…

 

Mais la gloire n'a pas de prix, et c’est comme cela qu’on a son nom sur la Tour Eiffel et sa statue dans la cour Napoléon au Louvre.

 

Donc, revenons à notre réaction chimique; pour qu’elle soit équilibrée, il faut donc écrire :

 

2 C18H34O2 +51 O2 ----> 36 CO2+34 H2O

 

C'est-à-dire

2 molécules d’acide oléique + 51 molécules d’oxygène donnent 36 molécules de dioxyde de carbone + 34 molécules d’eau

 

 Encore une fois, vous pouvez vérifier, rien ne se perd, rien ne se crée.  Si vous comptez bien de chaque côté de la flèche:

 

 

2 fois 18 atomes de carbone dans 2 molécules d’acide oléique

= 36 Carbones

36 molécules de CO2

= 36 Carbones

2 fois 34 atomes d’hydrogène dans 2 molécules d’acide oléique

=68 Hydrogènes

34 molécules d’eau (H2O)

= 68 Hydrogènes

 

2 fois 2 atomes d’oxygène dans 2 molécules d’acide oléique (=4) + 2 fois 51 atomes d’oxygène (=102)

=106 Oxygènes

2 fois 36 atomes d’oxygène  dans 36 molécules de dioxyde de carbone (=72) + 34 atomes d’oxygène dans 34 molécules d’eau)

=106 Oxygènes

 

 

 2 C18H34O2 +51 O2 ----> 36 CO2+34 H2O

Pi dap boum.. Le compte est bon !

On peut le faire au poids des atomes également :

 

Masse de l’acide oléique : 282 daltons

Masse de O2 : 32 daltons (Oxygène = 16 daltons -  voir tableau de Dimitri)

Masse du CO2 : 44 daltons ( carbone = 12 daltons plus deux oxygènes = 32 daltons)

Masse de l’eau : 18 daltons ( deux hydrogènes = 2 daltons plus un oxygène = 16 daltons)

Ce qui nous fait (2 x 282) +(51x32) = (36 x 44) + (34 x 18)

2196 = 2196  

Yes !!

 

Rien n’a été créé, rien n’a été perdu. C’est Lavoisier qui est content…

 

separateur-texte.gif

Et ça repart….

 

(Petit rappel des épisodes précédents : la dégradation de l’acide oléique dans les mitochondries de Luigi a conduit à la formation de molécules de dioxyde de carbone…)

 

Le lendemain matin, après un regard dans la glace, Luigi décida de tenter de perdre les quelques kilos apportés par la pizza de la veille (et par quelques verres de Lupicaia, une production locale) en faisant un jogging à quelques kilomètres, dans la campagne …

Pendant ce temps là, les molécules de dioxyde de carbone sortent de la mitochondrie, passent dans le sang puis, par l'intermédiaire des poumons, passent du sang à l'air expiré...

 

De retour sous forme de dioxyde de carbone, je viens d’être rejeté par la respiration de Luigi, qui commence vraiment à fatiguer après le deuxième kilomètre …

Me revoilà flottant doucement dans l’air italien. La brise du matin me pousse doucement vers l’herbe verte….

Je tombe sur une feuille, sa surface est parsemée de stomates…

 

Broutant tranquillement, une vache s’approche maintenant…..

 

.....SANS FIN……

 

 

 



29/10/2013
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